Histoire de l'école

Nous sommes en 1875.

 

La rive gauche de la Vienne a vu sa population croître et l'évêque d'alors, Mgr DUQUESNAY,
décide d'y créer une nouvelle paroisse : il contacte l'abbé François LABROUSSE, alors curé de Morterolles, pour inaugurer cette cure et mener à bien la construction de son église. Celle-ci serait vouée à Sainte Valérie, âme conquise par Saint Martial et première vierge martyre d'Aquitaine (c'était depuis longtemps le vœu de Mr le Chanoine Valleix, secrétaire général de l'Evêché, qu'une église soit érigée sous ce vocable).

L'actuelle rue Eugène Varlin est encore la Rue de Panazol et la rue du Capitaine Viguier n'est qu'un chemin, le Chemin du Mas Rome.
C'est à l'angle de ces deux rues que va s'ériger la nouvelle construction, d'abord une première partie car l'on préfère du définitif à du provisoire, quitte à l'effectuer en deux étapes, suivant les possibilités financières.

Le 5 août 1877 a lieu la bénédiction et la première messe en cette église qui ne comprend alors qu'une nef et un clocher-mur où vont prendre place les deux cloches bénies aussi ce jour-là. La façade est définitive, mais un mur provisoire termine la nef, un mur qui devait durer plus de quinze ans ...

Pendant ce temps l'abbé Labrousse ne reste pas inactif... Dés 1878, il lui apparaît qu'une école de filles dirigée par des religieuses serait très utile dans sa paroisse. Justement, une certaine Melle Vergniaud se trouve désireuse d'aider cette fondation. Un terrain est choisi au N° 8 de la rue de Panazol, non loin de l'église, qui comprend une parcelle d' l ha avec maison de maître et habitat pour jardinier. Le sol est acquis le 16/07/79. Après la mort brutale de Melle Vergniaud, l'œuvre fut heureusement poursuivie par Melle de Brettes, son héritière. Tout devint plus facile ...


L'évêque envoya le curé de Sainte-Valérie à La Souterraine pour proposer aux sœurs du Sauveur de se charger de tenir l'école. On confia à Mr Labrousse, entrepreneur et frère du curé, la construction des classes et la restauration de la maison, le tout devant être achevé fin avril.

 

Le 17 avril 1881, la "Semaine religieuse" publie la note suivante:
"Nous sommes heureux d'annoncer qu'une école primaire, libre et gratuite, pour jeunes filles s'ouvrira le 2 mai prochain, rue de Panazol n°8, sur la paroisse de Sainte - Valérie. La direction de cette école est confiée par la noble et généreuse fondatrice, de concert avec le Curé de la paroisse, aux religieuses du Sauveur, déjà connues et appréciées à Limoges. Située à proximité de l'avenue du Sablard, des routes de St Léonard et de Toulouse, du faubourg du Pont-Neuf, avec de belles et vastes salles pour classes, des cours spacieuses pour la récréation, entourée d'un grand jardin, la nouvelle école offrira de précieux avantages pour l'éducation et la santé de leurs enfants aux familles de ces quartiers, naguère encore si déshérités. Dès le jeudi 19 avril, on pourra visiter l'établissement et faire inscrire les enfants qu'on voudra y envoyer. Il n 'y a pas d'autres formalités à remplir.
Le 1 er mai, après les vêpres, célébrées à 3 heures dans l'église de Sainte-Valérie, M. de Bogenet, vicaire général, bénira le nouvel établissement et les classes. "


Cette bénédiction de la nouvelle Fondation a bien lieu ce 1 er mai, en présence de la Supérieure générale des Sœurs du Sauveur et des trois sœurs chargées de commencer l'œuvre, devant une très nombreuse
° assistance. Sermon, bénédiction, cloches à toutes volées... La foule se rend de l'église à l'établissement et la procession (interdite sur la voie publique) s'organise spontanément dans les allées du jardin au chant du Magnificat ! Au retour, Melle de Brettes, la fondatrice, remet la clef de la maison à la Supérieure Générale, qui la confie à son tour à la jeune supérieure sœur Eudoxie qui, toute émue, la dépose à genoux aux pieds du Christ, le reconnaissant ainsi comme vrai Supérieur. Mère Eudoxie devait être la première et unique supérieure.
Le lendemain, soit le 2 Mai 1881, l'école ouvrait et 53 élèves se présentaient dès le premier jour.
"Que Dieu, par Sainte Valérie, la bénisse ! " écrit l'abbé Labrousse.


En 1888, on adjoint à cette école une classe enfantine qui est aussi bénie par M. de Bogenet.
Les Soeurs du Sauveur donnèrent gratuitement l'enseignement, ne recevant aucune rémunération mais vivant sur la Fondation, cela jusqu'en 1901 ...

C'est alors qu'une loi persécutant les congrégations religieuses, les empêchant d'enseigner, vint troubler cet état de choses. Les soeurs durent partir en 1903. Seuls les locaux scolaires furent laissés à la disposition de la paroisse et Mr Delassalle, alors curé de Sainte-Valérie, y installa une école libre qui vécut un an ou deux sur les seules ressources de la paroisse.

Las de toujours mendier, il ferme l'école et jusqu'à sa mort , le 11 février 1910, les classes ne servirent qu'aux réunions du patronage.
Son successeur, l'abbé Maurice GOGUYER, se rendant compte du vide produit par cette fermeture s'employa à rouvrir l'établissement. Dès le mois d'août 1910, il envoie aux parents d'élèves une circulaire annonçant la réouverture de l'Ecole Sainte-Valérie pour le 26 septembre et les invite à venir inscrire leurs enfants .Voici ce qu'il dit au cours de ce document :
"Vous savez ce que deviennent les enfants élevés sans religion: ils ne craignent, ils ne respectent rien. Mêlés aux vôtres dans les écoles publiques, ces enfants sont un péril que vous n'ignorez pas. Qu y a-t-il de plus dangereux que la contagion de l'exemple ? Les mauvaises fréquentations sont la perte de la jeunesse. Ce danger n 'existera pas à l'Ecole Sainte-Valérie d'où sera rigoureusement exclu quiconque donnerait de mauvais conseils ou de mauvais exemples.
On inscrira tous les enfants dont les parents consentiront à ce qu'ils soient élevés dans la religion de Jésus-Christ.
La classe enfantine recevra les petits garçons de 4 à 7 ans.
Les petites filles seront admises depuis 4 ans jusqu'aprés leur certificat d'études.
Si vous ne pouvez rien faire pour contribuer aux dépenses de l'Ecole, vous n'aurez qu'à le déclarer et vos enfants seront reçus gratuitement.
Si vos ressources vous permettent de donner chaque mois 0,50, Ifr, 2fr ou davantage, vous le direz en faisant inscrire vos enfants; personne ne discutera votre déclaration, on s'en rapporte à votre délicatesse et à votre loyauté.
Tous les enfants, qu'ils payent ou ne donnent rien, seront traités avec le même soin et sur le pied d'une égalité parfaite... "

La direction est confiée à Mme SAUTON, ancienne directrice de l'école libre de Panazol.
75 élèves s'inscrivent après cet appel ... c'est plus qu'on espérait après 4 ans de fermeture.
Les ressources destinées à faire vivre cette école étaient bien précaires... mais "ne faut-il pas, surtout à
notre époque, vivre au jour le jour ? Quelles fondations stables est-il possible défaire? "
(M. Goguyer)


En 1923, Mr l'abbé Benoit Clapier, de Solignac, est nommé nouveau curé de Sainte-Valérie.


En 1927 a lieu la grande célébration du cinquantenaire de la bénédiction de l'église Sainte-Valérie et à cette occasion, l'évèque, Mgr Flocard, rend visite au patronage de garçons, à l'Alouette, et à l'école Sainte-Valérie où il est reçu par des chants d'allégresse, un compliment en vers accompagné d'une gerbe de fleurs... Au rez-de chaussée, autre réception à la garderie d'enfants : de toutes petites filles, dans leurs robes blanches, portant chacune une fleur à la main font sur le rythme d'airs joyeux de gracieuses révérences à Monseigneur !
L'évocation de cette célébration du cinquantenaire termine la "Chronique historique" de la paroisse de Sainte-Valérie, écrite et mise à jour scrupuleusement par les curés François Labrousse, Maurice Goguyer-Lalande, et Benoit Clapier.
C'est ce livre qui a permis la rédaction de ces pages. M.R. mai 2003